- l’autre malheureux. On dit de fait « nous voilà perdus, ils vont arriver à nous tuer ». Mais elles tombent encore en avant, encore en arrière mais sans nous atteindre. Mais le choc de la détonation nous abrutissait car c’était des obus de gros calibre. Enfin, aux environs de midi, le feu cesse un peu. On dit « ils vont peut-être nous laisser tranquille ». Mais non, ils continuent et vers les deux heures, ils recommencent à coup redoublés. Les obus faisaient un déluge épouvantable, ils fauchaient les arbres, fouillaient le terrain. Il en arrivait un encore au dessus de notre tranchée, dans un arbre. En frappant l’arbre, l’obus éclate et nous arrose encore de ses éclats et de ses projectiles. Plusieurs furent joints à la figure, aux mains et avait coupé l’arbre qu’il avait joint au-dessus de nous et tombe sur la jambe d’un malheureux, lui coupe la jambe ou l’écrase. Et il s’écriait, il voulait partir mais ce n’était pas le jour car ça tombait toujours.
- La canonnade cesse et on emporte le blessé et ceux qui étaient blessés s’en vont. Nos tranchées étaient à moitié coupées par les obus. Enfin voilà la nuit qui arrive et la bataille se termine pour nous. Il était environ 8 heures. Nous recevons ordre de porter en avant ; nous marchons plusieurs centaines de mètres et nous arrivons dans un ravin qui avait 4 ou 5 mètres de profondeur et rempli de trous d’obus. Arrivés, nous recevons encore un ordre de se porter deux sections en avant pour renforcer la 21ème qui avait été beaucoup endommagée par les obus. Voilà que nous arrivons là, devant une maison brûlée et démolie par les obus, un peu plus en avant dans une allée devant le château d’Holbech ou Lilbech, sous une rangée de sapinettes. Un peu avant d’arriver à ces sapinettes, il y avait un groupe de morts qu’on n’avait retiré des tranchées pour les enterrer la nuit. Il y en avait un appelé « Pivot de Chamizay » qui avait voulu s’en aller au moment où le feu était en vigueur.